« Que leur vie se change en une merveilleuse chanson »
La communauté Lavalla200> de Syracuse, en Italie, est née en octobre 2016, pour s’occuper principalement des enfants et des jeunes non accompagnés, réfugiés ou immigrants qui arrivent en Italie.
Les membres de cette communauté sont, actuellement : Gabriel Bernardo da Silva (Brésil Centre-sud). F. Onorino Rota (Méditerranée), Mario Araya Olguín (Santa María de los Andes) et F. Ricardo Gómez Rincón (Norandina).
Ci-après, un témoignage du bulletin de nouvelles, numéro 24, publié le 10 juin.
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Le 15 avril, 218 immigrants sont débarqués dans le port d’Augusta. Trois ambulances sont arrivées avant le début des opérations, signe évident que, à bord du navire, il y a des personnes qui sont malades et qui doivent être transportées d’urgence à l’hôpital. Dans la première ambulance part Nabilah, une jeune femme de 20 ans qui est conduite à Umberto I de Syracuse. Opérée d’urgence pour une césarienne, elle donne naissance à deux enfants de 1600 gr. La nouvelle apparaît dans les médias, et les journalistes font la queue habituelle pour obtenir la primeur. Ensuite, comme cela se produit habituellement, silence.
On a demandé à Ono de se rendre à l’hôpital parler avec Nabilah qui vient de la Côte d’Ivoire; à cause de la langue, il s’est arrangé pour se faire comprendre seulement en français.
Comme tous les jeunes de son âge, elle avait rencontré son petit ami de cœur, mais son père exigeait qu’elle se marie avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Elle n’avait pas de choix : l’unique solution était la fuite, ce qu’elle fit avec l’aide de sa mère. Elle voyagea durant plus d’un an avec son ami. Avec tous les problèmes survenus durant le voyage, nous pouvons nous imaginer les difficultés qu’ils ont rencontrées. Ils sont passés par la Libye et ont souffert de toutes sortes de tortures et de violence, comme en souffrent tous ceux et celles dont les réseaux sociaux commencent maintenant à nous partager certaines images. Nabilah s’est trouvée enceinte et, selon ce que j’ai compris, elle ne sait pas si les enfants sont ceux de son ami ou des violences qu’elle a subies. Elle me fit cette confession, appuyée sur l’incubateur où étaient ses deux petits et, en pleurant, elle me dit : « Ils sont blancs ! »
Le voyage de la Libye à l’Italie ne fut pas long, mais compliqué, et les deux bateaux qui les ont recueillis les ont débarqués dans deux ports différents, et jusqu’à maintenant, Nabilah n’a aucune nouvelle de son ami. Elle voyageait dans une barque archipleine, elle ne pouvait pas se déplacer et passait beaucoup de temps debout parce qu’elle n’avait pas d’endroit pour s’asseoir, et encore moins pour se coucher. Après une journée et demie de navigation, elle s’aperçut que le bébé (elle ne savait pas encore qu’ils étaient deux) ne bougeait plus. Et quand elle monta dans le bateau de la Garde Côtière, le personnel de bord lui fournit les soins nécessaires, mais ils comprirent immédiatement la gravité du cas de Nabilah et avisèrent la IRC d’Augusta.
Actuellement, Nabilah est dans un centre près de Syracuse, et elle va parfois à l’hôpital pour voir comment se portent les deux petits. Moi, personnellement, plus que pour une question de temps, je n’ai pas le courage de parler sereinement avec elle, à cause des questions que je porte : « Comment vit-elle cette situation actuellement ? Comment va-t-elle faire pour trouver de l’amour pour ces deux créatures qu’elle a portées dans son ventre que peut-être elle ne voulait pas et qui sont le fruit de la violence plutôt que de l’amour ? Quel effet aura sur sa vie cette phrase dite à travers ses larmes : « Ils sont blancs ! » ?
Je me pose parfois trop de questions. J’espère seulement que le sourire de Dieu, celui de la mère et de bien d’autres personnes de grand cœur, pourront donner à ces enfants toute la chaleur dont ils ont besoin pour grandir et pour que leur vie se change en une merveilleuse chanson.