8 de mai : mémoire de la mort du F. Henri Vergès
Il y a 27 ans, la petite Sœur Paul-Hélène et notre Frère Henri Vergès étaient tués sur leur lieu de travail, à la bibliothèque de la rue Ben Cheneb, à Alger, quartier de la Casbah. C’était un dimanche, 8 mai, en début d’après-midi. L’Église les a béatifiés dans le groupe des 19 martyrs d’Algérie, le 8 décembre 2018, à Oran. Leur fête a été fixée au 8 mai.
Cette année, la maison de Saint-Paul-3-Châteaux, où Henri a commencé sa formation mariste, accueille l’évêque de Valence, Mgr Pierre-Yves MICHEL, pour présider l’Eucharistie. En décembre 2018, le pape François, s’adressant aux autorités et au peuple algérien, écrivait: « Par la béatification de nos dix-neuf frères et sœurs, l’Église veut témoigner de son désir de continuer d’œuvrer pour le dialogue, la concorde et l’amitié. Nous croyons que cet événement inédit dans votre pays dessinera un grand signe de fraternité dans le ciel algérien à destination du monde entier ».
Il se trouve que la place proche du sanctuaire de Notre-Dame de Santa-Cruz, lieu de la béatification, a été nommée : « Esplanade du Vivre Ensemble en Paix ». N’est-ce pas comme une annonce de l’encyclique “Fratelli tutti”, publiée le 3 octobre dernier, sur le thème de la fraternité et l’amitié sociale ? Au terme de sa lettre, le pape François évoque sa rencontre fraternelle avec le Grand Imam Ahmad Al-Tayyeb, le 4 février 2019, à Abou Dhabi. Il écrit : « Dans ce cadre de réflexion sur la fraternité universelle, je me suis particulièrement senti stimulé par saint François d’Assise, et également par d’autres frères qui ne sont pas catholiques : Martin Luther King, Desmond Tutu, Mahatma Mohandas Gandhi et beaucoup d’autres encore ». Et le pape François termine en rappelant particulièrement le bienheureux Charles de Foucauld qui voulait être “le frère universel”.
Nous savons que Charles de Foucauld était un modèle pour notre frère Henri comme en témoigne un de ses amis musulmans avec qui il avait beaucoup échangé sur des thèmes spirituels, surtout pendant ses années de solitude à Sour-El-Ghozlane, de 1978 à 1983. En témoigne aussi un employé de l’école Saint-Bonaventure où il avait connu Henri jusqu’en 1975. Ce témoin écrivait, après la messe des obsèques à Notre-Dame d’Afrique à laquelle il était présent : « Frère Henri a devancé le temps, c’est l’homme du XXIème siècle, c’est un homme de communication… C’est un rassembleur d’hommes… La mort du frère Henri a fait bouger la planète ».
Notre Frère avait déjà tout dit dans sa dernière lettre à son ami et père spirituel, Christian de Chergé, le prieur de Notre-Dame de l’Atlas, à Tibhirine. Le 4 février 1994, quelques semaines avant sa mort, il lui écrivait : « Dans nos relations quotidiennes, prenons ouvertement le parti de l’amour, du pardon, de la communion contre la haine, la vengeance, la violence ».
Bienheureux martyrs d’Algérie, aidez-nous à suivre votre chemin pour devenir “frère universel” dans le monde d’aujourd’hui !
Frère Alain Delorme, Saint-Paul-Trois châteaux, le 8 mai 2021