31/Oct/2014 ROUMANIE

En faisant les valises…

Il y a 18 ans, les frères maristes arrivaient à Bucarest, en Roumanie. Le Centre Saint-Marcellin-Champagnat : c’est le lieu qu’ils ont créé pour redonner dignité et espérance à beaucoup d’enfants et de jeunes sans famille ou sans foyer. Actuellement, ils sont 32 enfants accueillis dans le Centre. Le texte qui suit nous partage les sentiments de Stefania, une jeune Roumaine qui vient d’atteindre ses 18 ans;  un passé plein d’expériences de rejet et d’abandon et voilà que maintenant, arrivée à sa majorité, elle quitte le Centre.

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Plus de 8 ans ont passé depuis juillet 2006. Depuis ce moment jusqu’à maintenant, le Centre a été mon chez-moi. À compter de demain, ce sera une autre maison. Ou, mieux dit encore, ma maison continuera d’être le Centre Saint-Marcellin-Champagnat, mais je commencerai une nouvelle vie dans un autre milieu. Je sais que je puis compter sur l’appui de mes éducateurs, que Juan Carlos m’a répété plusieurs fois qu’ils ne m’abandonneront pas, ils ont même insisté pour que je passe par le Centre une fois par semaine. Tout cela est certain, mais au moment où je fais mes valises, je sens une tiraillement en moi.

D’un côté, je veux continuer à grandir, je sais que c’est la meilleure option que j’ai pour maintenant et pour le futur; mais, par ailleurs, j’ai une crainte que tu ne peux t’imaginer. Ces derniers jours, j’ai dit à Juan Carlos combien j’avais peur, comme si cela me frappait à l’estomac… « J’ai mal jusque dans mes tripes, il y a eu des jour où je n’ai pas pu manger ». Hier, quand on m’a dit que dimanche, on m’attendait à ma nouvelle maison, je me suis sentie mieux; mais je craignais qu’on ne m’accueille pas, que ma place était déjà occupée. En me disant que j’étais attendue dimanche, surgit alors une autre crainte. « Et si je ne m’adapte pas, si mes nouvelles compagnes ne m’acceptent pas, si je n’aime pas le milieu où je vais ?… » J’ai peur de quitter mes amis, garçons et filles, du Centre, de laisser mes éducateurs, de laisser les frères. Ils ont tous été ma famille durant ces 8 années que j’ai passé au Centre.

Je sais que le Centre m’ouvrira toujours ses portes chaque fois que j’y reviendrai, et les éducateurs m’accueilleront toujours; cela, je l’ai vu chez les jeunes qui ont quitté le Centre et qui, actuellement, vivent dans un autre milieu, avec leur travail, leur famille… Ils ont toujours aimé revenir, on les a toujours accueillis, on a toujours échangé avec eux. Et j’espère continuer à maintenir mes bonnes relations avec eux car, vraiment, je reconnais qu’ils peuvent continuer à m’aider : j’ai besoin d’eux.

Mon but, cette année, est de terminer mes études secondaires et d’obtenir le B.A.C. afin de pouvoir entrer à l’Université. À compter de maintenant, j’aurai à acheter ma nourriture, laver mes vêtements, prendre soin de moi-même. Je sais que c’est un apprentissage nécessaire que je dois faire. Comme on me le répète, je commence à vivre maintenant par moi-même. Je compte sur l’appui et l’aide des éducateurs et des frères : tous me le présentent comme une chance. Ils me disent aussi, parce qu’ils me connaissent, que toute nouveauté coûte et fait peur.

Je désire être heureuse et me sentir bien. Je remercie tous ceux qui, tout au long de ces 8 années, m’ont aidé, toutes ces personnes merveilleuses qui sont passées par le Centre durant ce temps, surtout les volontaires qui sont venus de loin jusqu’en Roumanie; durant ces étés, je me suis sentie bien avec vous, et je vous assure que je ne vous oublierai pas et que je vous porte dans mon cœur.

Merci beaucoup, et bonne chance à tous !

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Stefania (Fanuta)

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