Le chantier de La Valla
Le précédent article faisait état des travaux au début du mois de Février. Trois mois se sont écoulés ; voici où en est le chantier. Une série de photos vous permettra de mieux vous rendre compte des travaux réalisés.
Le travail visible
« Il y a un temps pour démolir et un temps pour reconstruire » nous dit le sage de l’Ecclésiaste (Qo 3,3). Ces trois mois ont été surtout le temps de la reconstruction.
C’est encore l’équipe des maçons qui a dû faire un énorme travail pour permettre aux autres corps de métier de commencer le leur. Tout le monde sait qu’il faut d’abord faire le toit afin de mettre « hors d’eau » un bâtiment .La démolition de la toiture et de la charpente s’est faite en deux temps : d’abord le bâtiment de 1822 construit par Champagnat et ensuite la maison Bonner, berceau de l’Institut. On commence par les étages supérieurs, ensuite on descend. Opération assez spectaculaire pour enlever la poutre maîtresse du bâtiment de 1822. Un travail long et délicat, celui de la construction d’une nouvelle corniche en béton sur laquelle repose la nouvelle charpente. Que de calculs pour rectifier des murs plus ou moins incurvés, des niveaux plus ou moins d’aplomb.
Travail très professionnel aussi que celui du charpentier pour installer les chéneaux, le zinc, les tuiles, assurer l’étanchéité. Une fois hors d’eau, cette partie a pu être investie par les électriciens et les plombiers-chauffagistes, suivis par les plaquistes (installation de plaques de placo-plâtres sur des montants métalliques pour monter les parois intérieures) : actuellement, l’appartement du 2ème étage, comportant 2 petites chambres, une salle d’eau et une kitchenette est en grande partie terminé ; ainsi que la petite salle de réunion au-dessous, au premier étage.
Pendant ce temps, les maçons ont poursuivi leur travail de démolition de la toiture et de la charpente de la maison Bonner. Que de gravats et de poussière (datant du Père Champagnat, accumulée sous les combles!) Depuis la mi-avril, charpente et toiture de la maison Bonner sont terminées. Maçons et charpentiers ont dû souffrir du froid, du vent, de la neige, de la pluie. Heureusement, ils ont pu profiter de quelques belles journées de printemps.
Au premier étage de la maison Bonner, nous avons à présent une grande salle sur un double étage. Comme décrit précédemment, divers corps de métiers sont à l’œuvre. Ce n’est plus la maison Bonner avec 4 murs, des planchers et quelques cheminées ! Eau, électricité, chauffage, ventilation, isolation, sont venues s’ajouter à la vieille bâtisse. Cela suppose tout un travail de coordination entre les diverses équipes d’ouvriers. Cela se passe bien.
A présent, on commence à s’occuper du rez de chaussée : tous les sols sont bétonnés. Pour y parvenir, ce fut un casse-tête pour établir les divers réseaux : eau, électricité, chauffage, mais surtout ceux des eaux pluviales et des eaux usées. Le rocher affleure à maints endroits ; il faut creuser au marteau-piqueur, canaliser les eaux… Pour rendre les sols étanches, le béton a été coulé sur une couche de gravier, et ensuite sur un isolant épais. C’est du solide !
La future grande salle de réunion et de pique-nique du rez-de-chaussée, ainsi que les toilettes commencent à prendre forme.
Pour ce qui est de la chambre Champagnat, elle n’a pas encore été « touchée », si ce n’est la mise en place de deux dalles en béton, pour le sol et pour le plafond. Elles seront « habillées » pour donner à la salle un aspect rustique. Cette chambre Champagnat nous a réservé une belle surprise : la découverte de 2 couches anciennes de crépis portant la trace de sentences existant au temps du Père Champagnat ; telle celle-ci : (Jésus, tout mon amour, Jésus, tout mon bonheur) «De votre feu céleste, embrasez tout mon cœur ». Celles que nous connaissons ont été refaites vers la fin du 19ème siècle. Lors de la rénovation de cette salle, on veillera à conserver la trace de cette histoire des origines.
Le travail caché.
Tout au long de ces semaines de travaux, ont eu lieu aussi les réunions hebdomadaires de chantier : architectes, chefs d’entreprise, maître d’ouvrage, s’efforcent de faire avancer le chantier. Il faut toujours s’ajuster, résoudre telle ou telle question technique, décider si l’on garde ou non telle « niche murale » découverte par hasard à la suite d’une démolition… Un beau travail d’équipe qui se fait à la fois dans une ambiance sérieuse et détendue.
Je suis frappé pour ma part du souci des architectes et des entreprises de répondre aux questions et desiderata du « maître d’ouvrage » représenté par les Frères Héribert Pujolas et moi-même.
De son côté, la petite équipe locale de suivi du chantier poursuit son travail de réflexion : sur la scénographie des divers espaces, le mobilier des salles, les éléments anciens à garder et à mettre en valeur…
En principe, les travaux doivent être terminés pour la Conférence générale, en Septembre prochain. L’essentiel des travaux sera fait, mais sans doute pas toutes les « finitions » : en particulier tout ce qui concerne la scénographie prévue pour les divers espaces. Pour paraphraser Quoléhet, ne pourrait-on pas dire «Il y a un temps pour se hâter et un autre pour donner du temps au temps » ?
Se transformer de l’intérieur
Marcellin Champagnat et les premiers Frères reconnaîtraient-ils « leur » maison ?
Oui et non. Sans doute, en partie, l’extérieur ; mais pour l’intérieur, il leur faudrait faire appel à leurs souvenirs. Une maison, c’est comme une personne un organisme vivant appelé à se transformer et surtout de l’intérieur.
Si le berceau de La Valla conserve quelques traces matérielles du passé (c’est une dimension d’incarnation), qu’il continue à être pour tout mariste, avec cette rénovation importante, une invitation à revenir aux sources ; l’une d’elles me paraît être cet esprit d’humilité et de simplicité, si présent à nos origines, et dont le Pape François, lui-même, montre l’exemple par ses gestes et ses paroles.
Que St Marcellin nous y aide.
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Frère Michel Morel (communauté de La Valla en Gier).